023. Merveilles du monde

Nous avons passé près d’un mois à Sumatra et il a plu tous les jours. Pas toute la journée, mais tous les jours. Ça pousse à glander entre deux averses, ce que nous fîmes pendant une semaine au lac Toba. Cela dit, il y a "glander" et "glander". En une semaine, nous aurons tout de même pris le temps de : faire le tour de l’île en moto (avec votre serviteur dans le rôle de "Easy Rider" – c’est l’avantage des petites îles paumées au milieu d’un lac de cratère dans un pays pauvre : on peut y louer des véhicules même sans permis de conduire) ; finir de lire un gros roman chacun ; jouer de passionnantes parties d’échec avec de jolies pièces en bois sculpté à la mode batak ; nager dans le lac entre les algues gluantes et les filets de pêche ; assister à un spectacle musical où des soi-disant « chants batak » étaient exécutés par les Musclés du coin (ce qui inclut le spécialiste local du « la-la-la-itou ») ; marcher jusqu’à une chute d’eau ; prendre le bateau pour traverser aller de notre île à la rive extérieure du lac, afin de récupérer du cash au distributeur le plus proche (à environ 7 km de notre hôtel) ; acheter au marché un sirsak immangeable ; ne pas manger le sirsak acheté au marché.


Quand on glande à Sumatra...


Après ces quelques jours de villégiature, nous étions prêts pour la grande aventure animale, au cœur du Gunung Leuser National Park. En premier lieu, nous avons fait connaissance avec les orangs-outans semi-sauvages de Bukkit Lawang. Des rangers y rééduquent des orangs-outans domestiqués et les réintroduisent dans le parc naturel voisin. Lors de notre expédition dans la jungle, nous avons ainsi croisé une mère (rééduquée au centre puis remise en liberté avec succès) et son petit (né dans la nature). Nous avons également été poursuivis par Mina, une femelle orang-outan très intelligente devenue agressive après sa réintroduction, à cause des guides et des touristes qui ont continué à la nourrir. A propos, c’est officiel : je cours plus vite qu’un orang-outan femelle.


Des singes pas trop sauvages


Nous avons enchaîné avec une virée en jeep sur la piste chaotique et cahoteuse qui traverse les immenses plantations d’hévéas et de palmiers oléagineux, pour rejoindre Tangkahan et son centre de réhabilitation pour éléphants. (Cette fois-ci, je ne conduisais pas : nous avions un chauffeur). Nous avons assisté à la baignade matinale des sept éléphants du centre. Ces éléphants (six adultes et un petit de sept ans) ont été capturés dans la province d’Aceh, où ils prenaient plaisir à ravager les cultures. Maintenant, ils sont utilisés par les rangers pour "patrouiller" dans la jungle (même si j’ai pas trop compris en quoi exactement consiste leur rôle), mais aussi pour amuser les rares touristes qui poussent jusqu’à Tangkahan. Lorsqu’ils se lavent dans la rivière, les éléphants barrissent, nagent, utilisent leur trompe en guise de tuba ou de pommeau de douche ; ils jouent, ils se grimpent dessus ; ils s’allongent sur le flanc et se font frotter le cuir par les rangers et par nous ; bref, ils kiffent bien. Une fois les éléphants amadoués, nous pouvons alors les utiliser comme moyen de transport – lent mais efficace – à travers la jungle environnante. Plus petit et moins classieux que son cousin d’Afrique, l’éléphant d’Asie semble plus rusé et a une meilleure maîtrise du contact humain. On retiendra la manœuvre qui permet de monter à cru sur le cou d’un éléphant apprivoisé : debout côté flanc droit, on tire le haut de l’oreille droite, l’éléphant lève la patte avant droite en pliant le genou, on met le pied gauche sur la base de la patte, puis le pied droit sur le genou et hop ! on enfourche la bête.


Des éléphants pas trop grands


C’était bien Sumatra, on y retournera.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui ça a l'air de valoir le cou.

Jonath a dit…

C'est bien, ça prouve que tu lis jusqu'au bout. Je viens de corriger.