020. What do you think of love?

Bukittinggi, le 27 août 2008

Comme souvent au cours de ce voyage, nous avançons en procédant par quête. La quête du jour est une jeune femme.

En nous promenant dans les montagnes qui encerclent le lac Maninjau, nous avions été abordés par Wira, une Indonésienne à scooter qui nous avait invités avec insistance à passer la voir à Bukittinggi. Elle nous avait laissé pour seule adresse le nom d’une école : Sakura School – et un sigle sibyllin mal écrit sur un carnet : "SMUNI". Nous n’avions pas très bien compris si elle était professeur de japonais ou étudiante en japonais…

Une fois à Bukittinggi, nous décidons donc d’aller la voir à l’horaire convenu et nous partons à la recherche de cette fameuse Sakura School. Après enquête auprès des locaux et d’Internet, nous comprenons que "SMUNI" doit en fait se lire "SMA N 1" : il s’agit d’une école publique. Egarés par des indications contradictoires, nous sommes finalement guidés par deux fillettes qui se rendent à "SMA N 1" ; elles nous expliquent que la Sakura School est située juste à côté. Et en effet, nous atteignons notre but, immédiatement identifiés par deux jeunes femmes qui travaillent à l’école. S’ensuit un échange confus où nous apprenons que Wira a été retenue à Padang, qu’elle est désolée, etc.

OK, mais du coup, que faisons-nous ? (Parce qu’il faut quand même savoir que nous ne savons pas du tout dans quel but on nous a invités.) Elles disent qu’elles vont nous présenter à un groupe qui suit un cours d’anglais. Nous entrons dans une classe sobre et exiguë ; une jeune professeur d’anglais nous accueille à bras ouverts et nous fait servir du thé. Elle va profiter de notre présence pour faire parler ses élèves en anglais avec nous. Nous lui expliquons que nous sommes français et que notre accent est pourri ; elle nous répond qu’il n’y a pas de souci, avec un accent encore plus pourri. Les élèves ont entre onze et treize ans, ils participent peu et ne captent rien. Il faut dire qu’ils ont commencé l’anglais il y a deux semaines.

A un moment, il y a une panne d’électricité et on va dans une salle avec des fenêtres. Ces salles sont tristes et plutôt petites ; par moments, un élève y entre ou en sort, comme s’il n’y avait pas d’horaires clairement définis. Tout de même un peu surpris, nous finissons par comprendre que la Sakura School n’est pas une école publique, mais un établissement privé qui dispense des cours de soutien en dehors des heures de classe. Cela explique les entrées et sorties incessantes, ainsi que le petit nombre d’élèves. (Cela explique aussi pourquoi notre amie Wira s’était présentée à la fois comme "Japanese teacher" et comme "Japanes student" : elle étudie le japonais à l’université de Padang et l’enseigne aux jeunes élèves de la Sakura School.)

La prof d’anglais est à fond parce qu’en France l’université est gratuite et parce qu’on utilise du papier pour se torcher. Elle parle pour parler, prononçant des phrases mystérieuses du genre : "Mrs Ariane, is your father a lawyer?".

Plus tard, entrent dans la salle deux petites filles voilées à l’air rusé, que la prof nous présente comme ses deux meilleures élèves. Jolie et vive, l’une d’elle nous demande dans un anglais parfait si nous sommes mariés (nous mentons pour ne pas choquer cette assemblée de jeunes musulmans pratiquants) et enchaîne avec cette question inoubliable : "What do you think of love?".

Nous parvenons tant bien que mal à les faire tous parler en demandant à chacun quel est son jus de fruit préféré ; ils se foutent de ma gueule quand je leur dis que moi, je préfère le jus de banane. (Apparemment, ils considèrent que la banane ne se consomme pas en jus – bien qu’on en serve dans tous les restos indonésiens, mais bref, passons…)

Ils nous demandent de chanter des trucs en anglais et en français ; nous sommes un peu dépourvus ; ils veulent du Céline Dion (My heart will go on) ; je chante quelques phrases qui me reviennent ; puis je leur demande de m’aider et ils se mettent à chanter en chœur dans un anglais limpide ; c’est très beau, des enfants qui chantent en chœur. A la fin, ils nous font signer des autographes et demandent à Ariane des petits dessins d’animaux, puis ils nous prennent massivement en photo avec leurs téléphones portables.


3 commentaires:

Unknown a dit…

Ça j'adore, j'aurais aimé faire !
Keep it going on!
Bises
Elise

Anonyme a dit…

Rigole, rigole. Mais tu crois vraiment que vous aurez les moyens de vous torcher avec du papier en rentrant en France ?

Anonyme a dit…

des stars sont nees en indonesie. YR