015. Becak = patchaque

Yogyakarta, il y a une dizaine de jours...


A Yogyakarta, il y a des milliers de becak (prononcez "bé-tchaque"). Pousse-pousse à l’indonésienne, le becak est une espèce de tricycle inversé : le chauffeur pédale à l’arrière et les passagers s’exposent aux dangers de la circulation à l’avant. La plupart des chauffeurs de becak sont très pauvres ; beaucoup passent la nuit dans la rue et dorment dans leur véhicule. Cependant, après une exténuante journée de marche à travers la ville, le becak permet aux touristes fatigués de rentrer à l’hôtel sans effort et sans se presser, pour une somme dérisoire.




Mais tout peut très vite virer au cauchemar. Exemple :

Un soir après dîner, vous quittez le restaurant où vous avez dégusté un excellent cobra et vous vous dirigez sereinement vers votre hôtel, situé à l’autre bout de la ville, sachant très bien que vous allez vous faire alpaguer en moins de deux minutes par une meute de chauffeurs de becak. Ça ne loupe pas. Vous négociez par principe le prix de la course avec un premier chauffeur : échec. Deuxième tentative avec un autre coursier, plus âgé et plus nécessiteux : cette fois-ci, vous remportez la négociation. Vous venez brillamment d’économiser 15 centimes d’euros (et accessoirement de priver un vieil homme d’un bol de riz supplémentaire) ; vous êtes donc empli d’une fierté bien légitime. Au moment où le marché est conclu, vous réalisez toutefois que le vieillard boîte, traîne la patte et qu’il a même un peu de mal à tenir debout. Pris de pitié, vous lui payez le prix de la course avant le départ, espérant ainsi l’encourager dans son effort et prévoyant d’ores et déjà de lui verser un généreux complément à l’arrivée : grossière erreur. Vous vous installez et votre becak démarre sur les chapeaux de roues, dépassant allègrement les 3 km/h. Tout le monde vous double. À un moment, vous êtes même dépassés par un sac plastique. C’est la joie dans la rue, les gens rient à votre passage. Encore un virage et la montée commence : votre hôtel est situé quatre kilomètres plus haut. C’est long. Très long. Vous réalisez qu’il y a vraiment un problème quand le chauffeur arrête de pédaler, descend de son siège et commence à pousser le becak. La situation est assez gênante. Vous vous demandez s’il ne surjoue pas un peu… Mais finalement, trop mal à l’aise, vous descendez vous aussi du becak au milieu du trajet. Vous avez payé d’avance et vous n’osez pas demander votre reste. Vous vous êtes fait patchaque par un becak.


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