Kuta (Bali), le 11/08/2008 à 10:40
Je regarde la télé dans une chambre d’hôtel un peu miteuse où j’ai tué un énorme cafard volant, presque aussi gros qu’un hamster. J’ai bloqué sur la chaîne indonésienne SCTV, qui diffuse actuellement une espèce de sitcom local : "Menanti Kinanti". Sans comprendre la langue, on peut assez bien situer l’intrigue de l’épisode en cours : une jolie Indonésienne – Kinan – tombe amoureuse d’un bel Indonésien – Ben – qui est une énorme star de cinéma et qui loge dans l’hôtel où elle travaille. Elle galère pour obtenir un moment d’intimité avec lui car il est toujours à droite à gauche pour faire la fête. Un soir, il rentre même tout bourré à l’hôtel et ça donne lieu à une très jolie scène d’amour, d’un réalisme poignant : elle le veille tendrement, lui prononce des mots doux accompagnés de quelques larmes, et lui se met soudain à gerber ses tripes, gardant une jolie trace de vomi bien explicite au coin de la bouche. Harcelés en permanence par des paparazzis, Ben et Kinan n’ont pas un moment à eux ; mais c’est sans compter sur l’aide précieuse de l’ami homosexuel de Kinan – une folle hyper-maniérée, limite travelo. ("Alors que nous dans nos sitcoms on avait des homosexuels bodybuildés tout à fait sobres et des nains noirs complètement crédibles", me souffle Ariane – "Oui mais nous c’était il y a quinze ans", réponds-je.) Leur amour va enfin pouvoir s’épanouir lorsque ledit homosexuel aura la bonne idée de se déguiser en Ben, pour attirer à lui la meute de paparazzis. Ben et Kinan pourront alors partir faire du vélo et du cerf-volant sur la plage. Bref, elle finit par se le taper, mais son ex – Yon – rapplique et c’est le drame. L’ex est très moche et semble issu d’un croisement raté entre Roger Federer et une carpe koï. Il tente en vain de reconquérir la belle en copiant le style du beau gosse. Le conflit entre l’ex et le beau gosse atteindra son paroxysme lors d’un allégorique combat de coqs.
Ce programme est généreusement entrecoupé de pages de pub interminables, dont je m’abreuve avec grand plaisir. On apprend beaucoup sur un pays en regardant les publicités à la télé. Ici, trois tendances m’ont marqué :
- Les publicités à destination des femmes mettent systématiquement en scène des femmes voilées ET des femmes non voilées.
- Contrairement à chez nous, ici les enfants gros symbolisent la bonne santé et l’opulence ; ils sont largement utilisés dans les publicités pour la bouffe. (Cependant, les enfants gros sont rares dans la plupart des villes indonésiennes.)
- Dans l’immense majorité des publicités, les acteurs ont la peau claire ! En effet, en Indonésie, c’est trop la classe d’avoir la peau claire. (Ariane y est considérée comme une déesse.) Dans les rayons cosmétiques des magasins, on trouve une multitude de produits pour éclaircir la peau ; tous développés par des grandes marques occidentales. Résultat : dans les pubs télé, les personnages ressemblent plus à des Japonais qu’à de vrais Indonésiens.
1 commentaire:
je vois qu'Arianne faisait référence à giant Kookoo (je ne suis pas sûre de l'orthograhe) fine connaisseuse!
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