027. Les êtres humains normaux

Commencé à Sydney, le dimanche 21 septembre 2008
Terminé à Nouméa, le mardi 30 septembre 2008

Je me rends compte que j’ai été un peu dur avec Singapour dans une note précédente. En réalité, il faut reconnaître que Singapour est une ville viable, je veux dire par là une ville où l’on peut s’imaginer vivre, quotidiennement, sans penser chaque jour au suicide. Et ça, c’est déjà beaucoup. Parce que bon, l’Indonésie, c’est cool, c’est sûr. Mais jouer avec les singes dans la jungle et nager avec les tortues dans la mer, ça va bien un moment. Les êtres humains normaux ont des besoins simples mais vitaux.


La clim à Singapour

Les êtres humains normaux ont besoin de se laver les mains avant de manger ; les êtres humains normaux ont besoin de s’asseoir pour chier ; les êtres humains normaux ont besoin de passages-piétons pour traverser la rue ; les êtres humains normaux ont besoin de voir les prix affichés quelque part avant de consommer ; les êtres humains normaux ont besoin de couteaux, de fourchettes, de nourriture sans piment, de steaks saignants, d’eau potable, de vin rouge, de pain, de MacDo, de Starbucks, de papier toilette parfumé, de taxis climatisés, de poubelles dans les rues, de Playstation 3, de connexions Internet haut débit… Bref, les êtres humains normaux ont besoin de vivre comme de gros occidentaux poilus et ça, c’est possible à Singapour – où les habitants sont pourtant presque tous de minces orientaux imberbes.


Mariage pas classe à Singapour



Papillon très classe au zoo de Singapour



Ces commodités constituent la base essentielle d’une vie humaine normale. Mais les êtres humains normaux ont besoin d’un peu plus que l’essentiel, d’un peu plus que ce que peut leur fournir Singapour : ils ont besoin de charme. Heureusement, pour satisfaire leurs exigences esthétiques jusque dans ce coin reculé du monde, les êtres humains normaux ont créé : Sydney.
Sydney – comme auparavant Paris, Londres, Barcelone, Madrid, Florence, Rome, Venise, Lausanne, San Francisco, New York, Tokyo, Buenos Aires, Mendoza (oui, nous avons beaucoup voyagé et tous tenons à vous le faire sentir) – nous est apparue non seulement comme une ville viable, mais comme une ville où il ferait bon vivre. Sydney, au-delà de ses qualités purement urbaines de belle ville occidentale bien propre, bien tracée, bien animée, bien organisée, bien structurée en petits quartiers de styles distincts et tous charmants, offre les joies d’une cité balnéaire de classe mondiale.


Femelle koala et son bébé au zoo de Sydney

Femelle kangourou et son bébé au zoo de Sydney

La baie de Sydney – vaste, belle et brillante sous le soleil printanier de fin septembre – enjôle et enchante. On la parcourt en tous sens, sur un ferry ou un voilier de plaisance, selon ses goûts ou ses moyens. On peut pousser jusqu’au zoo pour réaliser un rêve d’enfant : voir enfin pour de vrai des bébés koalas, des ornithorynques, des kangourous roux (des "kangouroux" en quelque sorte) nonchalamment étendus sur le flanc. On peut aller jusqu’à la plage de Manly pour y assouvir un vieux fantasme adolescent : jouer au beach-volley à Sydney. On peut satisfaire son goût plus adulte pour la culture et l’architecture en longeant le célèbre opéra, lui-même toutes "voiles" dehors

L'opéra de Sydney, au crépuscule

Sydney est donc une ville à la fois confortable et élégante, qui ne souffre que d’un défaut évident : ses habitantes manquent cruellement de style et de distinction. Les Australiennes sont immenses et massives, assez grosses pour la plupart. Elles s’habillent vulgairement, se coiffent vulgairement, se maquillent vulgairement, mangent vulgairement, boivent vulgairement, rient vulgairement. Elles ont quelque chose d’écossais en elle. Quelque chose d’américain aussi. Ariane, davantage sensibilisée à l’observation d’êtres humains normaux de sexe masculin, me fait remarquer que les Australiens mâles ne valent pas mieux. Elle est déçue, elle s’attendait à trouver à Sydney des régiments de surfeurs musculeux et hâlés.

C’est parce que je sais que vous partagez nos jugements péremptoires sur les peuples du monde que je vous salue, belles Françaises et beaux Français, êtres humains normaux qui, comme nous, à chacun de vos voyages, éclairez les terres barbares de votre classe et de votre génie.

4 commentaires:

Unknown a dit…

C'est mon article préféré depuis le début de ce blog... enfin c'est surtout que je me reconnais dans la conclusion.

Anonyme a dit…

je ne vois pas de photo d'ornithorynque... Quel dommage !

Anonyme a dit…

Toujours excellent. J'espère que vos hotes ne lisent pas ce blog. Par ailleurs Edgar, je pensais à toi en lisant l'article, ça tombe bien :)

Unknown a dit…

Merci Jonathan, c'est un réel plaisir de lire tes articles